Actualités & veille

Bosch choisit toujours de prendre le train

Catégorie : portraits | Publié le : 23/04/21

PORTRAIT

En adoptant le dispositif FRET21 en 2020, le fabricant d’appareils électroménagers annonce une baisse de 15 % des émissions de gaz à effet de serre de ses transports. Le report modal, de la route vers le rail, est son principal levier d’action. FRET21 est un dispositif soutenu par l’AUTF et l’ADEME dans le cadre du programme EVE.

« En travaillant sur notre empreinte carbone dès aujourd’hui, nous anticipons les demandes futures, assène Gabriel Schumacher, directeur logistique de BSH Électroménager (marques Bosch, Siemens, Neff et Gaggenau). À terme, les entreprises devront rendre des comptes auprès de leurs clients sur leur impact environnemental ». Pour agir sur les émissions de CO2 de ses transports, le directeur logistique a commencé par les mesurer. « Par FRET21, l’ADEME et l’AUTF nous ont fourni les outils pour évaluer les émissions de CO2 du transport des produits finis, depuis nos usines jusque chez nos clients, appartenant principalement au secteur de la grande distribution », explique-t-il. Les équipes ont ainsi identifié cinq usines en Europe qui pourraient basculer leurs flux sur le rail, pour acheminer les produits vers un point de regroupement situé à la frontière franco-allemande. Là, des trains entiers sont constitués pour se diriger vers l’entrepôt de Tournan-en-Brie, en France, embranché fer dès sa construction. « Aujourd’hui, le quai de réception mesure 427 mètres de long, et peut accueillir jusqu’à 25 wagons, annonce Gabriel Schumacher, qui a toujours cru aux vertus du ferroviaire en logistique, même si son coût reste encore supérieur à celui du transport routier. Pour absorber ces flux supplémentaires par voie ferrée, nous avons augmenté au fur et à mesure les effectifs de l’équipe qui s’occupe du déchargement. Ils travaillent de nuit car le transport de voyageurs ayant la priorité sur le réseau, les marchandises sont transportées à des créneaux horaires différents ». Cette seule mesure permettra de réduire de près de 4 000 tonnes de CO2 émises et de 2 600 le nombre de camions sur les routes, « qui viennent s’additionner aux 7 000 que nous avons déjà supprimés grâce à ce mode de transport », puisque la première livraison par voie ferrée entre l’Allemagne et la France a eu lieu en janvier 2008. De trois trains réceptionnés chaque semaine, il y en aura désormais six. Le report modal représente plus de 95 % de l’engagement de Bosch dans le dispositif FRET21 du programme EVE. Pour aller au bout de la logique environnementale, un autre aménagement est effectué sur la plate-forme de distribution de Tournan-en-Brie : le loco-tracteur de l’opérateur ferroviaire de proximité qui achemine les wagons pleins dans l’entrepôt et enlève les wagons vides, a été remplacé par une locomotive électrique au début du mois de janvier 2021.

Maintenir sa performance environnementale

Afin de compléter ces actions, et atteindre la baisse des émissions de CO2 de 15 % de ses transports annoncée lors de l’adoption de la démarche FRET21, Bosch intègre à ces prochains appels d’offre un engagement CO2 à ses transporteurs. De 35 % de prestataires inscrits dans « Objectif CO2 » aujourd’hui, l’industriel entend atteindre un taux de 80 % d’ici la fin de son engagement, en 2023. Il négocie également l’utilisation plus large du Bio GNV pour les livraisons post-acheminement. Dans le même temps, Gabriel Schumacher entend conserver la performance environnementale de l’activité logistique, notamment en maintenant la structure de livraison mise en place précédemment, pour garantir un taux de chargement optimal entre les tournées et les flux de messagerie. De même, la ligne de flux en transport combiné rail route du sud de la France est maintenu. « De nombreuses contraintes organisationnelles pèsent sur le ferroviaire actuellement, explique le directeur logistique. Dans ce contexte, garder ce mode de transport sur le marché domestique relève déjà d’un effort conséquent au quotidien ». Pour Gabriel Schumacher, convaincu de la première heure, il est nécessaire pour les entreprises d’avoir dès aujourd’hui une vision de leur impact sur le climat, d’accepter parfois de payer plus cher, et d’adapter son organisation logistique, pour limiter l’empreinte carbone de leurs activités.