Carrefour s’appuie de nouveau sur FRET21 pour décarboner ses transports
Mis à jour le
L’enseigne de la grande distribution renouvelle son adhésion au dispositif FRET21, le dispositif du programme d’Engagements Volontaires pour l’Environnement – Transport et Logistique (EVE) dédié aux chargeurs. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la démarche de décarbonation des activités du groupe.
En 2015, le groupe Carrefour annonçait son ambition de réduction de son empreinte carbone de 40% entre 2010 et 2025. Pour y parvenir, l’acteur de la grande distribution s’était notamment appuyé sur le dispositif FRET21 pour baisser ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 10% entre 2015 et 2018. Carrefour annonce aujourd’hui vouloir aller plus loin : -30% d’émissions carbones sur les produits vendus en magasin avant 2030. Pour décarboner encore plus son activité, le groupe s’appuie de nouveau sur le dispositif FRET21. L’objectif de ce réengagement est une baisse de 20% de ses émissions de GES d’ici 2022 dans les livraisons de ses magasins en France, comparé à 2019.
Tout en accompagnant ses transporteurs pour une adoption plus large du biométhane, Carrefour participe en parallèle à l’émergence d’une filière hydrogène française.
Abandon des motorisations au diesel en 2030
L’enjeu le plus emblématique est sans doute l’abandon de la motorisation diesel en 2030. Carrefour teste en effet depuis de nombreuses années des énergies alternatives. Depuis 2015, l’enseigne agrandit progressivement avec ses transporteurs sa flotte de véhicules roulant au biométhane, gaz issu de la fermentation des déchets agricoles et de l’industrie agroalimentaires. En 2022, le nombre de ces véhicules devrait être de 1 200. « Cette énergie permet de diminuer de 75% des émissions de CO2 et de 50% la pollution sonore, détaille Philippe Pieri, directeur stratégie et développement durable Transport de Carrefour. Nous continuons d’améliorer l’impact de nos activités en termes de santé publique, qu’il s’agisse des GES comme du bruit ». Outre l’accélération de la méthanisation d’une partie de ses déchets alimentaires, notamment sur son site bordelais, le distributeur participe également à l’émergence de stations-services GNV publiques. De 14 aujourd’hui, installées à moins de 5 km d’un centre de distribution Carrefour, il devrait y avoir 21 de ces stations en 2022. L’équation mise en place pour atteindre cet objectif est d’impliquer tout le monde, avec des mises en place simultanées de camions, de stations et d’utilisateurs. « Nous nous engageons sur notre consommation auprès des installateurs comme Engie et Air Liquide, mais aussi auprès de nos transporteurs, précise Philippe Pieri. Nos partenariats avec eux s’étendent à minima sur 5 ans. Cela leur permet de trouver leur modèle économique avec ces véhicules au biométhane ». Ainsi, Carrefour accompagne l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème comme les transporteurs, les constructeurs de camions, de groupes froids alternatifs au diesel, ainsi que les carrossiers, « que ces transporteurs soient de grands groupes ou des PME », précise le directeur développement durable Transports, qui espère, de plus, voir augmenter le nombre de ses prestataires labelisés Objectif CO2. Dans la même dynamique, l’enseigne a créé en 2012 le « cercle des transporteurs Carrefour » avec 22 partenaires, pour une collaboration dynamique autour de la transition énergétique, du rôle du conducteur et le partage d’informations notamment sur les émissions de GES.
Carrefour privilégie le mix énergétique
Selon Philippe Pieri, il est important de ne pas se concentrer seulement sur un type de motorisation. C’est pour cette raison que Carrefour travaille également à faire émerger la filière hydrogène française pour le transport routier de marchandises, en se servant de son expérience avec le biométhane pour avancer plus vite. « Nous nous sommes engagés dans trois projets soutenus par l’Ademe : Cathyopé, portant sur la modification d’un camion diesel 44 tonnes en camion hydrogène ; HyAMMED, pour « Hydrogène à Aix-Marseille pour la Méditerranée », qui permettra la création de la plus grosse station hydrogène d’Europe ; et enfin H2Haul, soutenu par la Commission Européenne ». Ce dernier projet associe plusieurs constructeurs, Air Liquide et des utilisateurs comme Carrefour, pour tester à l’horizon 2023 trois nouveaux types de piles à combustible sur 16 camions en Allemagne, en Belgique, en Suisse et en France. Chaque camion sera testé en binôme, par un transporteur et un chargeur. « Entre Cathyopé et H2Haul, il y aura 8 camions hydrogène en test dans le sud de la France, qui pourront s’approvisionner à la station HyAMMED. Ainsi, véhicules et stations seront disponibles en même temps », se réjouit Philippe Pieri, qui se félicite aussi que le projet émerge avec les problématiques des chargeurs.
FRET21 : une communauté entière motivée par un même objectif
La motorisation n’est pas le seul sujet sur lequel l’enseigne se penche pour réduire son empreinte carbone. Après avoir engagé en 2015 un grand plan de réorganisation logistique pour réduire les distances moyennes parcourues par ses véhicules, Carrefour poursuit l’optimisation en continuant à travailler sur la planification des flux, les prévisions de vente, mais aussi en adoptant de nouveaux supports de manutention en aluminium qui permettent une optimisation des chargements, et également en effectuant le chargement chez ses fournisseurs, pour approvisionner ses entrepôts en retour de tournées, avec les camions de livraison magasins. Cette dernière démarche consiste à limiter le transport à vide en récupérant les emballages sur les lieux de livraison mais aussi en prenant des chargements directement chez les fournisseurs sur le chemin retour. « Nous cherchons à maîtriser nos flux au plus près du fournisseur, explique Philipe Pieri. Nous voulons un pilotage encore plus fin de notre logistique. Cela nous amène à digitaliser de plus en plus fortement notre logistique pour avoir à disposition toutes les données, qu’il s’agisse des flux physiques ou d’information ». L’ambition de Philippe Pieri est aussi de réduire les émissions de GES des flux d’approvisionnement vers les entrepôts. Pour lui, la clé de la réussite de cette démarche est le partenariat et la collaboration avec les fournisseurs de l’enseigne. Il s’agira donc à terme d’être en capacité de quantifier l’ensemble des GES, « car on améliore que ce que l’on peut mesurer », rappelle-t-il. « En plus de structurer notre stratégie de diminution de notre empreinte carbone, FRET21 abrite la communauté idéale pour aller plus loin et plus vite, ensemble. Nous pouvons nous challenger avec les autres adhérents, échanger, créer une émulation autour d’un objectif commun et trouver le cadre où chacun, confrères et prestataires, trouve un modèle économique viable ». Toujours dans cet esprit de collaboration et de dynamique de groupe, Carrefour vient d’intégrer la grande coalition mondiale et multisectorielle initiée par l’armateur CMA-CGM, qui veut unir les forces pour accélérer la transition énergétique, avec de premiers résultats annoncés pour 2030.