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Michelin accélère sa transition écologique avec FRET21

Catégorie : portraits | Publié le : 4/03/21

PORTRAIT

Le fabricant de pneumatiques a intégré le dispositif FRET21 avec un plan de réduction ambitieux.
Pour y parvenir, Michelin revoit ses schémas de transport et mise sur un report modal à grande échelle.

15 150 véhicules en moins sur les routes chaque année… L’objectif de Michelin, fixé dans le cadre de la démarche FRET21, est ambitieux. Ambitieux pour ce qu’il représente d’émissions de GES évitées (12 500 tonnes de CO2e), mais aussi pour le contexte dans lequel il s’intègre. Les schémas logistiques du fabricant de pneumatiques sont en effet difficiles à réorganiser dans une optique de réduction de l’empreinte carbone. Des usines sur 4 continents, des clients sur toute la planète, des produits fabriqués avec des centaines de composants expédiés depuis le monde entier, des secteurs adressés fonctionnant souvent en juste-à-temps… En Europe, pour ses flux internes (entre ses usines ou entre les usines et les centres de distribution), Michelin compte 3 200 liaisons différentes. Les flux de transports sont donc nombreux et complexes. Les équipes achat logistique & Supply Chain ont néanmoins accepté de relever le défi de les réorganiser dans le cadre d’une politique RSE ambitieuse.

Blocktrain en particulier…
Pour atteindre son objectif de réduction GES d’ici 2022, Michelin a commencé par mettre sur rail un Blocktrain entre son usine d’Olsztyn en Pologne et le terminal de Ludwigshafen en Allemagne. Ce train complet, de 36 wagons, affrété par MIRATRANS, un transporteur partenaire Polonais de Michelin permet de livrer les centres de distribution de Landaü (Allemagne), Clermont-Ferrand et Rouvignies (France). Avec un premier aller-retour effectué en 2019, Michelin prévoit de charger une centaine de train tous les ans, représentant près de 5 000 camions en moins sur les routes. Action phare instiguée par les achats logistique, ce nouveau mode de transport a nécessité un engagement de tous les jours de la part des équipes pour garantir son efficacité, et son excellence opérationnelle.

… et report modal en général
Outre ce projet, Michelin a également accéléré son usage du transport combiné. « Avant de nous inscrire dans le dispositif FRET21, le report modal représentait 1 % de nos flux de transport, précise Geraud Pellat de Villedon (RSE pour la Supply Chain). Nous ambitionnons dès aujourd’hui d’augmenter cette proportion à 5 %, d’ici 2022». Pour réduire le nombre de camions circulant entre l’Italie, la France et la Grande Bretagne, Michelin va utiliser l’autoroute ferroviaire Orbassano-Calais pour livrer ses centres de distribution et ses clients en France, au Benelux et en Grande-Bretagne. Michelin déploiera le même report modal pour ses flux entre l’Italie et l’Allemagne sur la ligne Novarra – Fribourg ainsi qu’entre la Roumanie et l’Allemagne sur la ligne Oradea –Stuttgart. Entre blocktrains et transport combiné, Michelin ouvre la voie au ferroviaire. Le report en Shortsea n’est pas pour autant oublié. 100 % des flux depuis les usines espagnoles vers la Turquie se font désormais en maritime, et 4 liaisons entre l’Espagne et la Grande-Bretagne seront également mises en place.

Michelin travaille aussi à de nouveaux camions
En plus du report modal, Michelin s’engage sur un autre front : la capacité de chargement de ses camions. « Nous testons en Espagne, avec l’un de nos transporteurs, un Eco-Combi – camion à deux remorques – permettant de doubler la capacité de chargement (200 m3), comparé à un camion « classique » », explique Denis Brangeon (Achats Logistiques). Dans la même logique, une action est en cours pour obtenir l’autorisation de faire circuler sur le marché français ce type de camion de 32 mètres. « Ce type de véhicule permet de transporter davantage de marchandises par convoi, explique Geraud Pellat de Villedon. Certes il faut des moteurs plus puissants pour tracter plus de poids, mais les émissions polluantes restent moindres que s’il fallait deux camions pour le même tonnage ».
Pour autant, Michelin envisage également de déployer des camions électriques pour certains trajets, nécessitant de limiter la pollution sonore. Ainsi en Allemagne, sur le parcours entre l’usine de Karlsruhe et le centre logistique de Landaü, qui passe par des zones pavillonnaires, Michelin testera un camion DAF CF ELECTRIC de 44 tonnes.

Une stratégie globale pour faire avancer son eco-système
L’ensemble de ces actions FRET21 s’intègrent pleinement à la politique RSE de Michelin. Le groupe s’est également inscrit à la SBTI (Science Based Targets Initiative) en 2017. Cette initiative, qui regroupe des partenaires issus du monde public (le programme Global Impact des Nations-Unies) et privé (WWF, le World Resources Institute, le CDP), entend identifier les objectifs fondés sur la science pour une « action climatique ambitieuse » dans le monde de l’entreprise. « Nous nous sommes ainsi engagés à baisser les émissions de CO2 de l’ensemble de notre logistique de 15 % entre 2018 et 2030 », explique Geraud Pellat de Villedon. FRET 21 valorise le poids des différents leviers et « permet à Michelin de rendre public les efforts en Europe des équipes achats logistiques et Supply Chain dans le domaine de la décarbonnation du transport».
Pour Michelin, la démarche FRET21 est aussi un moyen de montrer son engagement à ses prestataires transport. « Nous souhaitons inciter nos transporteurs Français à être de plus en plus « verts ». D’ici 2022, nous demandons à ce que 75 % d’entre eux s’engagent dans un programme tel qu’Objectif CO2, avec au moins la moitié chartés » annonce Denis Brangeon.